Synopsis
La faiblesse des honoraires versés par les éditeurs de l'Encyclopédie et la nécessité de doter sa fille conduisent Diderot à vendre sa bibliothèque. Catherine II aime les belles lettres, les beaux livres, les belles bibliothèques. Elle est preneur. La transaction se conclut dans des conditions si avantageuses que Diderot se sent obligé, en retour, d'accepter l'invitation de l'Impératrice. A Saint Pétersbourg, du 9 octobre 1773 au 5 mars 1774, Diderot et Catherine II vont s'entretenir presque quotidiennement. Ils s'apprécient beaucoup, jusqu'à oublier dans leurs propos leur condition respective. Avec l'entrée en Histoire du beau Potemkine, prince, ministre, puis époux, Catherine II renoue avec le despotisme. Tandis que le philosophe, si déférent envers sa bienfaitrice, retrouve sa liberté de penser et lui apostille un brûlot, ses : " Observations sur les instructions de Sa Majesté Impériale pour la confection des Lois "
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CATHERINE
Monsieur Diderot, j’ai entendu avec le plus grand plaisir tout ce que votre brillant esprit vous a inspiré mais, avec tous vos grands principes que je comprends très bien, on ferait de beaux livres et de mauvaise besogne.
Vous oubliez dans tous vos plans de réforme, la différence de nos deux positions.
Vous, vous ne travaillez que sur le papier qui souffre tout : il est tout uni, simple et n’oppose, d’obstacle ni à votre imagination, ni à votre plume ; tandis que moi, pauvre impératrice, je travaille sur la peau humaine… qui est bien autrement irritable et chatouilleuse.
DIDEROT concluant en souriant…
Je sais mieux que personne la distance qu’il y a entre un pauvre diable qui s’avise de politiquer sous la gouttière et ce qui se passe dans la tête d’une souveraine en guerre contre les Turcs.
Rien n’est plus aisé que d’ordonner un empire, la tête sur son oreiller.
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