A partir de 1850, la côte méditerranéenne - entre la Catalogne et le golfe de Gênes - a exercé sur de nombreux peintres, nés pour la plupart dans le Nord de la France ou de l'Europe, une fascination irrésistible. Loin du goût traditionnel pour l'orientalisime, le pittoresque ou l'Antiquité, la lumière et les couleurs méditerranéennes agissent sur eux comme une révélation, celle d'une liberté picturale nouvelle, acquise dans la délectation et la sensualité. Cet ouvrage mène de l'immensité marine saluée par Courbet aux célèbres fenêtres ouvertes clé Bonnard et Lie Matisse, en passant par les hymnes au mistral de Monet, les scintillements de Cross et de Signac, les nouvelles mythologies de Puvis de Chavannes et de Picasso ou le fauvisme de Derain, Braque et Matisse. Il souligne ainsi le rôle essentiel que la Méditerranée a joué dans l'histoire de l'art européen et témoigne, à travers une centaine d'œuvres magnifiques, de l'émerveillement des peintres devant la mer et le soleil.
Courbet, Monet, Matisse, Bonnard, Picasso, Braque... Pour ne citer qu'eux ! Ici à l'Estaque, là à Collioure, ici encore à Martigues, là enfin sur le port de Marseille... Quels sont les artistes qui n'ont pas été séduits, irrésistiblement attirés par la côte méditerranéenne ?
À partir de 1850, de nombreux peintres, souvent natifs du Nord de la France ou de l'Europe, s'écartent de l'exotisme et de l'antique, préfèrent les éclats du Midi aux traditionnels voyages en Italie ou vers un Orient pittoresque. Le train Paris-Lyon-Marseille permet de gagner la mer en 1856, les écrivains, les premiers, y viendront promouvoir les beautés de la côte provençale. Les artistes ne tardent pas à les suivre. En quête de lumière, ils trouveront la couleur, des jaunes éclatants, des rouges vifs, des bleus ravissants. Du Bord de mer à Palavas (1854) de Courbet, à La Flûte de pan de Picasso (1923), des Rochers à l'Estaque de Renoir (1882) à la Fête des fleurs à Nice de Matisse (1923), jusqu'aux fenêtres ouvertes de Bonnard, ce sont des paysages magnifiques qui ne sont pas sans évoquer l'été ou le temps des vacances. Des oeuvres qui rendent compte d'un art de vivre, d'une intime idée du bonheur, illustrée par un titre de Matisse emprunté à Baudelaire : Luxe, calme et volupté.
Catalogue de l'exposition, riche d'une centaine de reproductions, Méditerranée se veut aussi un pan de l'histoire de l'art (de 1850 à 1920) vue à la lumière méditerranéenne, de la Catalogne au golfe de Gênes, tout en sensualité et délicatesse. --Céline Darner