Les étapes de la migration
L?idée de "camp" a été, dans l?histoire, associée aux troupes, aux armées en campagne, puis à l?emprisonnement, à la concentration forcée, et même à l?extermination de masse, au génocide. En ce début de XXIe siècle, le camp est indissociable des migrations humaines par contrainte. Les camps de migrants, de réfugiés, de déplacés, d?exilés sont des points d?arrêt dans l?errance, des étapes : selon le cas des lieux d?accueil ou des espaces de rétention. Le phénomène des camps, dans le monde entier, est devenu d?une importance considérable. II est ici situé dans le temps et l?espace, analysé de manière à décrire ces situations, et en même temps montré dans sa réalité humaine et quotidienne. Alain Rey, par l?analyse des mots qui servent à décrire cet immense phénomène qu?on dit désormais d?encampement, voudrait permettre à un large public de mieux comprendre la situation des millions d?habitants de ces lieux de l?exil, et tenter, au-delà d?un drame qui concerne la planète entière, d?en dégager le sens global. Les photographies de Guillaume Lavit d?Hautefort, l?un des rares artistes à avoir fréquenté durablement ces camps, en montrent les habitants et leur vie quotidienne, pleine de difficultés, de dangers, mais aussi de courage, de solidarité... Il nous donne à voir ces lieux sous leurs différentes formes et à travers les continents. Son travail, précis et lucide sur les réalités vécues, associe respect des individus et humanité pudique du regard.
Alain Rey a dirigé, pendant plus d’un demi-siècle, la rédaction des principaux dictionnaires Le Robert. Il est co-auteur du Petit Robert, du Dictionnaire historique de la langue française, du Dictionnaire culturel en langue française (avec Danièle Morvan) ; il a écrit de nombreux livres et articles sur la langue française, le langage, les signes, l’art, le théâtre, la bande dessinée... Guillaume Lavit d’hautefort, né en 1974, devient photographe après des études d’architecture. Il s’intéresse ensuite aux camps puis aux «déguerpissements», les déplacements forcés, après ses premiers voyages au Tchad en 2007 et 2008. Il continue depuis à se questionner sur le rapport entre l’humain, l’espace et le déracinement.