Président de la RFA de 1984 à 1994, Richard von Weizsäcker restera dans les livres d'histoire comme le président de la réunification. Mais il fut aussi le premier homme d'Etat allemand à reconnaître officiellement la " responsabilité morale " de son peuple dans l'Holocauste, à l'occasion d'un célèbre discours prononcé le 8 mai 1985. Fêtant cette année ses quatre-vingts ans, cet humaniste convaincu retrace dans ses mémoires l'histoire tourmentée de l'Allemagne, des années trente à aujourd'hui. Ecolier berlinois, il se remémore l'ambiance crépusculaire de la République de Weimar ; jeune soldat enrôlé dans la Wehrmacht, il décrit la guerre sur le front russe jusqu'en 1945 ; étudiant en droit lors du procès de Nuremberg, il, défend son père compromis avec la diplomatie hitlérienne et explique la prise de conscience des responsabilités de sa génération dans la construction d'une société nouvelle. Richard von Weizsäcker s'engagera moralement, auprès de l'Eglise protestante, et politiquement, au sein de la CDU. Il sera en outre un des défenseurs de l'" Ostpolitik " et du rapprochement avec la RDA pendant la guerre froide. Accédant au poste présidentiel dans les années quatre-vingt, il évoque avec justesse les hommes qui ont fait la politique internationale de ces dernières décennies - de Helmut Kohl à Vàclav Havel, de François Mitterrand à Mikhaïl Gorbatchev. Témoin de premier plan, il verra enfin aboutir les efforts de toute une vie avec la chute du mur de Berlin et l'unification de son pays. Richard von Weizsäcker livre dans ces mémoires un témoignage unique sur l'histoire de l'Allemagne et de l'Europe du XXe siècle.
Ces mémoires ne sont pas seulement le récit de l'exercice d'une fonction prestigieuse par celui qui l'a occupée pendant dix ans. Chef de l'État allemand de 1984 à 1994, Richard von Weizsäcker retrace d'abord un itinéraire personnel façonné par tous les bouleversements de l'histoire de l'Allemagne au XXe siècle. Témoin de l'agonie de la République de Weimar, de l'arrivée au pouvoir des nazis, soldat dans la Wehrmacht, enfin défenseur de son propre père accusé à Nuremberg, le futur président a trouvé là la matière d'une réflexion profonde qui l'a amené à s'engager dans les rangs des bâtisseurs d'une Allemagne démocratique. Humaniste, il rejoint la CDU et défend la politique de rapprochement avec la RDA menée par Willy Brandt. Après avoir été maire de Berlin, c'est en tant que président de la RFA qu'il a pu mettre sa stature morale au service de son pays.
Témoin et acteur de la réunification, il livre ici un précieux récit de première main de cet événement qui couronna son engagement : par sa vie même, Richard von Weizsäcker démontre que la politique ne peut être fondée que sur une éthique. --Vincent Jeanne