Synopsis
Francesca Woodman (1958-1981) et Vivian Maier (1926-2009) sont deux photographes américaines ayant réalisé une œuvre foisonnante d’autoportraits. À tort ou à raison, leurs deux noms sont désormais inséparables de sorts personnels devenus des mythes modernes de disparition ╨ la première en raison de son suicide à l’âge de vingt-deux ans, la deuxième à cause de la quantité de pellicules non développées laissées derrière elle dans un anonymat presque total. En marge des mouvements artistiques qui leur Étaient contemporains et dont elles sont restées éloignées, elles semblent aussi avoir inventé des images en marge du temps. Qu’elles l’aient fait au XXe siècle n’est pas anodin. Elles héritent d’une histoire double que cet ouvrage formule et parcourt. D’une part, il y a le bouleversement inédit du statut des femmes au siècle précédent dont elles continuent de faire l’expérience en une contradiction : celle de pouvoir enfin être les auteurs de leur propre image tout en appartenant à une lignée féminine très ancienne de modèles. D’autre part, il y a l’obsession née au XIXe siècle pour la mémoire, l’archivage, la conservation, la sauvegarde, qui a donné lieu à l’invention de l’archéologie et des musées aussi bien qu’à celle de la psychanalyse. Aujourd’hui, cette idée fixe se métamorphose dans la crainte de l’extinction possible de notre espèce en un avenir proche. Au croisement de tous ces phénomènes se trouve l’avènement de la photographie, et plus particulièrement de la photographie d’autoportrait pratiquée par des femmes. Convoquant des petites filles, des mères, des veilleuses, des amantes, des jeunes mariées, des inconnues Énigmatiques, des revenantes ou encore la poète Emily Dickinson, le livre explore en quoi des figurations féminines, au premier rang desquelles celles de Francesca Woodman et Vivian Maier, nous aident à traverser des Épreuves de séparation et de mort dans un esprit de joie créatrice immortelle. L’ouvrage veut dire en quoi elles nous apportent secours en ce siècle où il ne nous semble plus permis d’espérer.
À propos de l?auteur
Marion Grébert est ancienne élève de l’École normale supérieure de Lyon, issue à la fois du département des arts (études cinématographiques et études théâtrales) et de la section de littérature comparée. Elle est docteur en histoire de l’art de la Sorbonne et diplômée de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. Elle mène actuellement des recherches post-doctorales en esthétique. Si elle a été formée à travailler sur les XIXe et XXe siècles, elle réfléchit à la modernité prise dans un temps long des images, en croisant diverses approches (iconologie, histoire culturelle, anthropologie, épistémologie). Elle s’intéresse particulièrement à la manière dont notre volonté de faire des images (des dessins pariétaux paléolithiques aux œuvres conceptuelles d’avant-garde de la deuxième moitié du XXe siècle) correspond à un désir de faire des expériences de disparition. Cet intérêt s’élargit désormais à des problématiques écologiques contemporaines. Son parcours se caractérise par la prégnance de la littérature et surtout de la poésie dans son approche historique des arts ainsi que dans ses propres pratiques artistiques, notamment la photographie depuis plus de quinze ans. La quête d’invention d’une écriture personnelle est ce qui rassemble ses différentes activités et ses positionnements variés entre université, champs de l’art et artisanat, où une certaine discipline académique cherche à s’allier à l’intuition sensible.
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