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Ajouter au panierPas de couverture. Etat : Bon. "1951 - 1971. Pas de couverture, 198 p + 4 ff - 69 env. conservées. Quelques rares taches, quelques feuillets brunis. EXCEPTIONNELLE CORRESPONDANCE AUTOGRAPHE, amoureuse et littéraire, adressée à l'écrivain et cinéaste Nelly Kaplan. L'ensemble comprend 111 lettres et 1 télégramme, avec4 feuillets autographes concernant l'oeuvre de NellyKaplan. La correspondance couvre les dates 1954-1971. Dès les premières années de leur correspondance, Soupault adresse à Nelly Kaplan des missives enflammées dans lesquelles il réitère sa confiance en ses capacités exceptionnelles et la certitude qu'elle s'apprête à "signer sa vie". DEFENSE DE PLEURER SVP. Cette lettre est écrite pour vous soyez lucide. Nelly, [.] Je n'ai jamais dans ma vie admiré que deux êtres que je n'ai pas connus : Lautréamont et Rimbaud. J'ai compris, senti que vous étiez de la même qualité qu'eux. Soyez folle d'orgueil [souligné]. Bien sûr, je suis amoureux de vous, parce que vous êtes belle et merveilleusement jolie mais il y a autre chose. Quand je suis près de vous, je sais que la vie vaut la peine d'être vécue. Je vous en supplie ayez le courage de votre intelligence. Ne soyez pas faible vis à vis de vous-même. Vous n'avez le droit de pleurer que quand vous êtes dans mes bras. Il faut, tous les deux ensemble que nous soyons les plus forts. Je vous assure que je comprends très bien votre lassitude du cercle infernal. Mais, Nelly, vous allez vivre, triompher. Vous allez être la plus belle, la plus jolie, la plus parfumée, la plus élégante, la plus intelligente. Ce qui me fait du mal c'est que vous ne voulez pas comprendre que vous êtes une poète et que vous souffrez de tout." (s. d.) Ces références au "cercle infernal" parisien essaiment leur correspondance jusqu'en 1961. En effet, lorsque Nelly Kaplan rencontre Philippe Soupault en 1954, lors d'une exposition consacrée à Chagall, elle semble être la victime de "calomniateurs" et de "jaloux" ("ces gens hostiles, médiocres qui ne peuvent pas vous pardonner l'intelligence de vos yeux, votre grâce et votre beauté. [.] Je sais que tous ces salauds ne peuvent pas admettre que vous leur soyez supérieure" [12 décembre 1957]) contre lesquels Soupault l'encourage à lutter. En 1955, il écrit : "Je vous promets que je ne suis pas lâche. Il y a quelques années on m'a torturé à l'électricité. Je n'ai rien dit. Mais qu'on vous salisse, qu'on jette de la boue sur vous m'est intolérable. J'ai perdu ma lucidité et j'aurais dû écraser cet individu comme une sale punaise." (21 juin) Cette rage est versifiée dans son "poème pour Nelly", publié dans le premier numéro des Cahiers Philippe Soupault : Il faut que je tue quelqu'un ce soir ou quelques-uns ou même un grand nombre en série [.] On crache sur tout ce que j'aime sur votre beauté sur la pureté sur la vie que j'aime parce qu'elle vous ressemble. Chaque matin devant votre porte un tas d'ordures est amassé pour vous faire tomber Plus spécifiquement, Soupault s'inquiète des machinations d'une "dame en rose" : Je suis un idiot (du moins je l'espère) parce que j'ai de l'angoisse à cause de vous. La dame en rose est pour moi comme un cauchemar et une menace pour vous. Je ne supporte pas l'idée qu'elle peut vous atteindre. Retrospectivement j'ai eu des sueurs froides en pensant aux lettres oubliées, aux imprudences et à l'hystérie de cette folle meurtrière qui a osé vous toucher. Je vous promets (et vous le savez, mon amie chérie) que ce n'est pas par basse jalousie, ni même par haine que je vous écris de vous méfier. Il y a un danger contre lequel je veux vous protéger l'homme de la [conj. "Rome"] semble attirer ces étranges maléfices (nous en avons terriblement souffert tous les deux cette année). Il faut donc que nous soyons plus que jamais sur nos gardes.(25 août 1955) Et peut-être il y a-t-il en effet de quoi se faire du souci : Soupault est marié et Nelly Kaplan entretient en parallèle d'autres relations qui compliquent leur "amitié" : Surtout ne vous attristez pas de ces lettres méchantes. Cet homme est fou. Cette jalousie est certes inquiétante et je crois très douloureuse pour lui. Mais croyez vous que notre amitié qu'il doit sentir parce qu'il est très intuitif, dont il doit deviner avec ses antennes ce qu'elle a de vrai, de sincère et de fort ne lui donne pas de motifs (pas de raisons puisqu'il ne doit pas en avoir) de se torturer ? (4 octobre 1954) À cette période, Nelly Kaplan nourrit en effet une relation amoureuse avec le cinéaste Abel Gance, qu'elle documentera dans le double-ouvrage Et Pandore en avait deux ! - Mon cygne, mon signe. Source d'inquiétude pour Soupault, qui écrit : "Il me semble que, sentimentalement pour vous, ce qui compte le plus c'est l'admiration affectueuse (peut-être est-ce plus) que vous avez pour A. G." (s. d.). Ou encore, anxieux parce qu'Abel Gance ait cherché à obtenir son numéro de téléphone : Je suppose donc que G. cherche à savoir 1°) si je suis à Paris (et non pas dans le midi) 2°) veut me voir pour me parler de vous. Dans la seconde hypothèse je veux que vous m'envoyez d'urgence une lettre pour me dire ce dont je dois éviter de parler. (28 septembre 1955) Nelly Kaplan fait la connaissance d'Abel Gance en 1954, et devient son assistante. Au cours de leur collaboration, Soupault lui adresse ses encouragements lors de tournages parfois éprouvants. De nombreuses lettres lui parviennent ainsi à Zagreb, où elle travaille à Austerlitz : "Je sens que cette expérience vous déçoit et j'en suis navré. Je me doutais bien que l'atmosphère et l'entourage de ce film n'aurait rien de réjouissant mais je ne m'imaginais pas que ce serait aussi cafardeux." (14 novembre 1959) Il lui écrira également à Rome lors de la préparation du filmCyrano et d'Artagnan : "Je sens que le "climat" de Rome ne s'est pas amélioré et j'ai peur que vous soyez débordée par ce flot de bêtise, de méchancetés et de contradictions." (21 juillet 1962) À cette correspondance souvent torturée, Soupault mêle récits de la vie parisienne ("J'ai parlé avec. Signé par l'auteur.